Historiks #04 : Chronologiks
TL;DR
Cet article, dans la continuité du précédent, fait l'étude de "Memory Full", un livre qui prétend décrire l'histoire de la demoscene CPC.
L'auteur a appuyé tout son ouvrage sur les chronologies de manière assez obsessionnelle : Premier demomaker, premier groupe de demomaker, première technique, ...
Il a fait une tambouille entre le contexte de l'époque, l'existence effective des scènes, et s'est empêtré avec diverses erreurs, notamment en voulant garder le cap sur le narratif établi pour régler des comptes personnels.
Nous allons voir quand et comment la scène française a réellement été créée et qui en furent les premiers acteurs, en évoquant les premières rencontres.
J'évoquerais également rapidement les premières démos qui m'ont inspiré...
Création de la scène démo française.
Si une date présente dans une démo permet de déduire à peu près le moment ou le code (ou le texte) d'une démo a été écrit, il est aberrant d'accorder valeur de datation à ces dates pour leur arrivée dans la scène démo.
Pour décrire l'émergence d'une scène sur une plateforme comme le CPC, il faut faire une distinction importante entre une démo trainant dans un "carton" réalisée par une personne pour le "fun" et distribuée localement, et la diffusion de ces démos dans un réseau d'importance significative.
Sur CPC, on ne peut guère parler de scène démo avant que ce type de réseau n'ait réellement émergé, ce qui ne sera possible qu'à partir des démos qui vont faciliter des prises de contact.
L'auteur confond cependant régulièrement la date de création et la date de diffusion d'une production. Il considère que la date de création correspond à la date de diffusion à une époque ou ce réseau n'existait pas du tout :
La scène démo française a commencé à exister entre juillet 1989 et octobre 1989 (et non fin 1988), à une époque ou plusieurs personnes ont envoyé leurs démos à la rédaction du magazine Amstrad 100%.
Ce magazine était animé par des passionnés du domaine (Robby, Poum, Sined, Septh, Franck einstein, ...) qui incitaient leurs lecteurs à envoyer leurs oeuvres à la rédaction. Ces derniers organisaient souvent des défis ou concours dans la rubrique "Pokes au rapport", une rubrique phare du magazine qui expliquait comment tricher aux jeux commerciaux.
C'est Robby, via la rubrique de Sined, qui a incité les lecteurs a envoyer des démos à la rédaction à partir de octobre 1988 :
En janvier 1989, Fefesse, qui comme quelques hackers, alimentait la rubrique "Pokes au rapport", a envoyé avec ses "pokes" sa "Soundtrack démo" qui contenait principalement des musiques extraites de jeu. On ne peut alors bien sûr pas du tout parler de scène ou de réseau, puisque c'était la seule démo reçue par le magazine, sans que Fefesse ait laissé ses coordonnées :
En avril 1989, le journal n'avait toujours pas reçu d'autre démo :
Dans son édition de Juillet/Août 1989, le journal évoquait les démos allemandes du groupe MCS, toujours sans aucune référence à d'autres démos françaises :
C'est dans l'édition de septembre 1989 de Amstrad 100% N°18 que seront évoquées les premiers groupes français grâce aux démos reçues par la rédaction durant l'été 1989.
La rédaction du magazine A100% était d'ailleurs assez régulièrement squattée par quelques passionnés qui venaient de créer leur fanzine et auquel le journal faisait un peu de publicité.
Le premier numéro du fanzine "Syntax Error" est sorti en avril 1989. Son rédacteur, Clod fera référence aux démos récupérées à la rédaction à partir du numéro 5 (été 1989).
Le fanzine MBM, rédigé par Digit, a été présenté dans le numéro de mai 1989 de Amstrad 100%. Il évoquera les démos pour la première fois à partir du numéro 9 qui sortira après l'été 1989.
En octobre 1989 c'est dans l'édition N°19 de Amstrad 100% que les démos vont avoir droit à une médiatisation qui va permettre la réelle émergence d'une scène démo française :
Donc si on veut pouvoir parler de "diffusion de démo" ou de "scène démo en pamoison devant telle ou telle production", le faire avant octobre 1989 nécessite une bonne dose d'imagination et une aptitude prononcée à la romance...
Et compte tenu des propos étonnants qui vont suivre, il est intéressant de retenir que le groupe GPA n'a été évoqué par aucun fanzine ou magazine à cette époque.
On peut remarquer que l'auteur a éparpillé des commentaires sur la GPA Demo 3 une quinzaine de fois dans son ouvrage...
Le premier groupe de demomakers...
L'ouvrage contient 380 fois l'adjectif "Premier", utilisé à toutes les sauces pour faire diverses démonstrations. J'ai déjà évoqué la futilité de cette seule approche dans mon article précédent.
Chercher un "premier groupe de demomaker" en grattant des dates dans les scrollings texte est peu pertinent.
Ces textes permettent dans une certaine mesure de comprendre à travers les pseudos indiqués dans les "greetings" que les relations étaient très limitées et que la plupart de ces premiers demomakers ne se connaissaient pas.
Enquête chez Malibu
Dans son enquête pour identifier le "premier groupe", l'auteur va d'abord évoquer quelques unes des démos du groupe Malibu, toujours en confondant date de diffusion et date de création :
Les démos n'avaient pas "marqué les esprits" car la "scène démo" n'existait pas encore. Et sans doute pour cette raison, l'auteur échoue à caractériser les techniques utilisées dans la 4ème démo des Malibu :
La dernière partie de "Overscan Megademo" réalisée par Naminu (voir photo dans l'article ci-dessus) était intéressante à cause de ses scrollings scénarisés.
Cependant, aucune technique de rupture ou de scroll hardware n'a jamais été employée dans cette démo.
Contrairement à la majorité des groupes de crackers (donc NWC), Malibu va faire évoluer son nom en remplaçant Crackers par Coders :
Après l'Amstrad Expo 89 (9 octobre), nous avions décidé avec Malibu de travailler sur une démo commune appelée "Amazing Demo", en y intégrant au moins une des parties déjà prévue pour la Malibu demo 5.
Si "Malibu Crackers" est devenu "Malibu Coders", c'est que je leur ai suggéré de le faire car j'avais posé plusieurs conditions pour la réalisation d'une démo commune... Je vais vous en reparler plus loin.
Enquête chez GPA
Dans son enquête pour identifier le "premier groupe", l'auteur évoque la création du groupe GPA. A le lire, fin 88, ce n'était encore qu'un groupe de crackers.
Mais quelques pages plus loin, alors qu'il a affirmé qu'un groupe de crackers n'est pas un groupe de démo, dans son chapitre "LE GPA SORT DU LOT", le groupe se retrouve propulsé en première place de son "top 5". 😂
Une chose et son contraire !
Crackers ou demomakers, on ne sait plus trop...
Logon System postdaté ?
L'auteur cherche à démontrer par tous les moyens que GPA était le premier groupe de démo et il va pour ça se livrer à une démonstration fantastique...en postdatant le groupe Logon...
Pour arriver à cette conclusion, il date la création de Logon à mars 1989 ou octobre 1989, où on ne sait plus trop quelle date tellement il y en a...
Sur cette citation, on se demande quelle est la place d'un graphiste ou d'un musicien dans un groupe de démo pour l'auteur ?
Avec cette dernière citation, et lorsque j'entends parler d'armée, je crois bon de rappeler que le demomaking ce n'est ni la guerre, ni être le premier, ni écraser les autres !
Pour alimenter sa petite théorie sur la date effective de création du groupe Logon, l'auteur dégaine l'argumentation du siècle:
Il y a "Logon" en 1988...
Et "Logon System" en 1989 et après...
Et si j'ajoutais un petit "Ltd" derrière Logon System ? 😂
On se demande toutefois en quoi cela fait de GPA le premier groupe de démo français dans le chart "Hicks".
"Une histoire vraiment très personnelle de la demoscene" !
Tant qu'à raconter des balivernes, autant y aller à fond et pousser la chansonnette jusqu'en 1990 !
Le lecteur averti remarquera qu'il est de nouveau question de "Logon" début 1990 sans le "System". Le suffixe a perdu son importance une fois que le petit tour de passe-passe a permis de postdater la naissance du groupe...
On peut également se demander ce qu'est un groupe "désorganisé"....🙄
Ce roman est-il organisé étant donné les (très) nombreuses répétitions, parfois contradictoires, éparpillées sur ces 180 pages ?
Logon System : Un groupe créé en 1988 !
Avec ou sans le "System", avec ou sans "romance", avec ou sans "drama", Logon est bien un groupe "officiel", actif et "organisé" qui crée des démos depuis 1988 !
Le début de la période d'activité de Logon, fixée à 1989 par l'auteur sur son portail internet est une erreur de plus.
Je suis arrivé en stage chez Ubi Soft le 11 mars 1988.
Que la "scène démo" ait réellement commencé a exister entre août et décembre 1989 est un sujet différent.
Etant donné que mes 5 premières démos (1,2,3,5,6) sont arrivées en 2 fois chez Amstrad 100% durant l'été 1989, l'appellation "complète" existait bien "officiellement". Personne avant cet ouvrage n'avait jamais fait une distinction aussi ridicule...
Cela ne place aucun groupe "avant" un autre, surtout au niveau de la perception que les premiers amateurs de démos ont eu en recevant des disquettes compilant en une fois toutes ces démos (elle-mêmes parvenues à la rédaction du magazine Amstrad 100% plusieurs semaines avant).
Carbone 14
En septembre 2018, l'auteur "ironisait" sur CpcWiki car j'avais fait l'erreur de dater "Amazing Demo" à fin 1989 au lieu de début 1990 :
L'auteur s'est montré particulièrement intransigeant avec moi, mais il devrait balayer devant sa porte puisqu'il a daté avec 3 années différentes la démo "OutDated" de Grim (un des relecteurs de l'ouvrage, que cette anomalie chronologique n'a d'ailleurs pas fait réagir).
Si j'avais l'impression que "Amazing Demo" était sortie "avant 1990", c'était parce qu'elle était pratiquement achevée depuis deux mois et que j'attendais l'introduction promise par P007. En décembre 1989, j'avais déjà pratiquement achevé la partie "Phoenix" de la démo suivante ("The Demo").
Il me semble assez normal qu'une période de dizaines d'années puisse altérer les souvenirs, et le ton "ironique" employé par l'auteur à mon égard n'était ni bienveillant, ni tolérant.
Amazing. Une démo à plusieurs
Logon System était impliqué dans une activité de démo légale, et sans aucun lien avec le crack des protections de jeux.
Mon objectif était d'être en contact avec le plus de passionnés du CPC afin de constituer un réseau. Si nous voulions pouvoir réaliser des démos de qualité, il fallait que la scène démo grandisse pour que des talents émergent.
C'est pour cette raison que j'avais indiqué mon adresse postale en précisant mon pays d'origine (même si mon niveau en anglais à l'époque montrait sans la moindre équivoque que j'étais français 😋).
Je l'avais indiqué dans la partie à écran fixe de "Amazing Demo" afin qu'il soit plus facile d'en prendre note, car ce n'était pas toujours simple de récupérer des coordonnées à la volée dans un scrolling texte.
Pour la réalisation de cette démo commune, j'avais également négocié l'usage de l'anglais et l'absence de "fuckings" dans les textes pour limiter les conflits et favoriser les collaborations avec les étrangers.
Je ne tenais pas à ce que Logon soit associé à des groupes de pirates dans une démo ou figurait mes coordonnées complètes et j'ai donc insisté pour que le nom du groupe "Malibu Crackers" évolue.
Logistiks !
Pour que des démos circulent, il faut un réseau de distribution, et sur ce point, le livre fait quelques sorties de route...
La démo danoise "Final Creation" de NWC, qui contenait une rupture, est parvenue dans le réseau français en 1990.
Même si elle avait été "mieux distribuée" que mes premières démos, cela n'aurait rien changé, car la technique de rupture s'est propagée grâce aux échanges postaux que j'ai eu avec la plupart des acteurs de la scène démo. Il était bien plus simple d'avoir une explication écrite que de devoir hacker et analyser du code.
Mes premiers contacts ont eu lieu grâce aux coordonnées qui étaient présentes dans Longshot, Revolog et Amazing Demo.
La "rupture", qui est le nom avec lequel j'avais baptisé la technique de "split screen" sur CPC, a été adoptée par toute la scène à partir de ces échanges. Ma collaboration avec le magazine Amstrad 100% m'a ensuite donné l'occasion de vulgariser la technique en avril 1991, après la sortie de "The Demo".
Nouveaux membres chez Logon !
L'auteur imagine comment l'équipe s'est constituée...
C'est inexact, puisque j'avais déjà rencontré Digit, Rubi et Fred Crazy le 30 septembre 1989 à Paris.
Le texte de la démo "Atomic Crackers 3" (écrit par Fred Crazy et Dr TKC) n'a d'ailleurs pas été écrit après l'AE 89 mais avant, puisque Fred Crazy fait de la publicité pour l'exposition dans ses textes !
Il ne pouvait pas y avoir de retour d'expérience sur "Amazing Demo", puisqu'elle est sortie en janvier 1990. Rappelons tout de même que l'auteur m'a accusé de manière sarcastique de l'avoir datée à septembre 1989 au lieu de janvier 1990. 🤪
Fred, Digit, Pict, Naminu et Rubi souhaitaient travailler sous la casquette "Logon" avant même la sortie de "Amazing Demo". De mémoire, ils sont tous entrés dans le groupe le même jour.
P007 avait quant à lui annoncé qu'il passait sur Amiga.
Slash a fait partie de Logon quelques semaines plus tard dans les mêmes conditions alors qu'il n'avait aucune expérience en programmation :
Slash n'était absolument pas "isolé" (🤪) puisqu'il a rapidement été intégré sans même savoir "coder sur CPC" et c'était un grand ami de Fred Crazy.
Slash a réalisé un énorme travail et sa progression a été étonnante puisqu'il a été capable en quelques mois d'intégrer une partie dans The Demo.
Ce qui démontre une fois de plus la nocivité de certaines attitudes "élitistes".
Cette vision binaire entre programmation "soft" et "hard" est assez étonnante.
Le saint Graal pour l'auteur est attribué aux "rares élus" qui sauront mixer les deux types de programmation quelques années après. Il ne va d'ailleurs pas très bien définir le contour de la programmation dite "soft".
A résultats équivalents, si un programmeur réalise un scrolling en transférant de la mémoire vidéo, le programmeur récupère une caquette "soft", et si ce dernier jongle avec une rupture et des pointeurs vidéos, il hérite d'une casquette "hard".
Dans un premier temps, c'est le scrolling en "vague sinusoïdal" qu'il va ainsi qualifier de "soft" car nécessitant une certaine logique de manipulation du bitmap incompatible avec les fonctionnalités des circuits vidéos.
Il va ainsi encenser la démo de NWC sortie en 1997 (page 172) pour avoir su cumuler les deux casquettes, mais va allègrement "zapper" que d'autres ont déjà combiné ces techniques pour ce type de scrolling.
Rien que chez Logon et sur ce type de scrolling, c'est le cas dans la demo TakeItEasy de Pict (ligne à ligne), dans la démo WaveScroll de Overflow (utilisation du hard pour changer de ligne en 1 µsec), et dans ma partie Phoenix (pour doubler la résolution verticale).
Au-delà de ça, ce n'est pas sur ce seul exemple que de nombreux demomakers vont devoir faire du "soft" en complément des techniques dites "hard".
Sur des techniques purement 3D ou des effets nécessitant des manipulations vectorielles/trigonométriques, c'est la complexité et la lenteur des calculs qui a été un frein majeur pour combiner ces fonctions avec des outils comme la rupture ou les splitrasters, ce qui ne veut pas dire que rien ne traîne dans les cartons....
Des démos culte !
ArmAxess Megademo
Obsédé par les mérites non reconnus par "l'histoire", l'auteur va revenir plusieurs fois sur une démo inconnue (mais néanmoins intéressante) dès qu'il lui faudra faire des comparaisons avec quelques démos réellement diffusées.
Il va par exemple se lamenter que cette démo n'ait pas eu le succès mérité :
Et il livre une explication hasardeuse sur sa faible distribution...
Une "appréciation faussée" (dixit) est impossible sur une démo que personne n'avait vu. Une recherche auprès des demomakers Allemands aurait été pertinente pour savoir si elle était au moins connue d'eux. Croire que son esthétique aurait pu freiner son appréciation est même assez condescendant vis-à-vis des acteurs de la scène.
Aucune démo n'est jamais sortie "dans l'indifférence", de la plus basique à la plus "complexe".
Si cette démo était arrivée en France, nous aurions immédiatement remarqué le scrolling vertical à la ligne en R5 et aurions sans le moindre doute mentionné leurs auteurs, au moins dans The Demo.
C'est à partir du jeu "Genocide" que nous avons compris la méthode R5 qui a ensuite été utilisée dans la partie Negapart de Fred Crazy et le menu de The Demo que j'ai programmé.
L'auteur suppose que cette démo a été peu diffusée en Allemagne, et indique qu'elle est mentionnée dans un scrolling...
Les lecteurs auraient sans doute souhaité savoir quelle démo en parlait ? Je n'ai pas souvenir d'avoir vu cette démo mentionnée quelque part...
Plus étonnant encore. Alors que cette démo n'est (pratiquement) sortie nulle part, l'auteur la prend en référence comme si tout le monde l'avait vue...🤣
Note : .... "prouesse/effet que PERSONNE n'avait JAMAIS vu" ! 🙄
Une date figurant dans une démo ne suffit pas à annoncer qu'elle est "sortie" dans le réseau à la même date, ou que c'est son esthétique qui a freiné sa diffusion.
Le filtrage des démos par les seules dates présentes dans les images, les textes (ou les données) et ce sans investigation sérieuse amène ce genre d'absurdités :
On se retrouve un beau matin avec une démo culte inédite! 🥳
L'auteur ne définit jamais ce qu'est une "démo sortie". Ici, on sait juste que cette démo a survécu !
Si l'auteur avait fait une investigation plus poussée, il aurait remarqué que aucun des numéros 1 à 8 du fanzine "Crackers International" parus après décembre 1989 n'y fait référence, alors que ce fanzine était assez central en Allemagne :
Affirmer que cette démo est "l'une des premières megademos culte" est un "fake" car personne ne la connaissait.
Elle est tellement culte d'ailleurs qu'à la date de ce billet, l'auteur n'a même pas laissé un commentaire ému sur le portail Pouet ! 🤨
On peut également remarquer que les codeurs de cette démo ne citent aucun groupe Français. Ils ont en réalité abandonné le CPC pour se consacrer à l'Archimède dès début 1990:
CPC Démo
En matière de démo "culte", l'auteur a également déterré une démo yougoslave, toute aussi inconnue, mais néanmoins très originale...
De nouveau, une démo que pratiquement personne n'avait jamais vue ne peut pas être "culte".
Que l'auteur du roman raconte que la "Ultimate Face Hugger MegaDemo" et que la "Batman MegaDemo" sont cultes sur CPC ferait sens, mais là, c'est juste un nouveau bullshit.
En découvrant cette démo Yougoslave, je pense que le terme juste serait plutôt qu'il s'agit d'une démo de culte....😂
Le premier demomaker
Si un sujet préoccupe beaucoup l'auteur, c'est bien celui-ci !
Qu'est donc devenu le GPA, ce premier groupe de demo ? 🤣
Je ne suis pas le père du demomaking sur CPC.
Je ne suis pas certain que NWC soit très heureux d'être qualifié de grand-père.
A ce rythme, Rémi Herbulot doit faire figure de fossile, puisque c'était un "démomaker qui s'ignorait" (dixit).
Je me répète, mais une démo qui ne circule pas dans une scène démo construite n'existe pas pour la scène, quelque soit sa date de création effective.
Vouloir classer les individus sur ce principe est ridicule, surtout si on considère combien de créations sont restées dans les tiroirs faute d'avoir pu "intégrer" le réseau qui constituait la "scène" et qui allait survivre à la fin commerciale du CPC.
Finalement, le CRTC n'est qu'un gros gâteau...
La scène démo est continuellement appréciée au regard de la "paternité" des "techniques".
Pourtant, c'est marqué partout, on a pratiquement tout piqué dans les jeux sans dire merci... 🤡
Amstrad Expo 90 (16-19 novembre)
Un an après le début de la création de la scène démo française, l'Amstrad expo était alors réellement devenue un point de rassemblement pour les acteurs de cette scène.
Une fois encore, l'auteur va un peu vite en besogne. Rubi ne faisait pas partie de la "scène démo" lorsqu'il a commencé à écrire dans Amstrad 100% N°12 (février 1989). C'était cependant un cracker qui avait plusieurs intros à son actif :
Mon premier article a été publié bien après, en novembre 1990, dans Amstrad 100% N°31 :
C'est encore inexact.
En octobre 1990, j'avais déjà envoyé à Overflow plusieurs démos, dont la Amazing et la Yao demo. Si il a un jour indiqué le contraire, c'est qu'il ne s'en souvenait plus et qu'avec le temps, il est nécessaire d'avoir des références solides pour "potiner".
Démos inspirantes !
Toute personne qui a un jour voulu faire de la démo a eu un ou plusieurs modèles qui ont suscité l'envie de faire "partie du mouvement".
Je suis fier que certaines de mes premières démos aient pu inspirer du monde et que ça leur ait donné cette envie de réaliser les leurs.
La démo est un monde pluridisciplinaire, mais souvent hyper-spécialisé sur les vieilles plateformes. "A l'époque", ce n'était donc pas une très grande communauté mais elle permettait d'échanger sur des sujets pointus, ce qui est une partie du "sel" de la discipline.
Je vais évoquer avec vous quelles sont les premières démos qui m'ont marqué et qui ont (très) certainement eu une influence sur le look de mes premières productions.
Une des premières démos que j'ai du voir était la "B.I.G. Demo" de TEX (The Exceptions) sur ATARI ST (sortie en janvier 1988).
A l'époque c'était un choc de pouvoir écouter plus d'une centaine de musiques sur la première partie de la démo (4 heures) mais surtout d'entendre pour la première fois 6 musiques "soundtrack" faites avec un "AY" pour concurrencer l'Amiga. Et qui plus est, avec des titres devenus cultes de Ron Hubbard et Jochen Hippel.
Je vous invite à aller visionner à 4mn28 du début de la vidéo ci-dessus (un peu de musique pour finir ce billet). Elles font toujours autant plaisir à écouter après 36 ans. On ne se refait pas 😬
Visuellement, la première partie de cette démo ATARI ST affichait un scrolling texte en bas de l'écran à la place du "Border". Quand on connait le composant graphique de l'Atari, qui ne permet aucun dimensionnement, le truc tenait juste de la magie noire. En comparaison, le fullscreen sur CPC est d'une simplicité extrême.
L'ATARI ST n'était pas exempt de problèmes de compatibilité, comme on peut le voir avec le "clignotement" du scrolling sur la vidéo. Mon ATARI avait hérité de ce problème. Pour ceux qui ont suivi l'évolution de cette scène démo, le fullscreen a été une épopée : chaque côté gagné sur le border était un pas de plus.
On peut dire que cette démo m'a inspiré. A l'époque, les trucs à la mode c'était les rasters colorés et les textes à rallonge qui duraient des heures, si certains se demandent d'où viennent ces textes interminables dans mes premières démos... 😄
Ces démos sur ATARI étaient de vraies banques de musiques AY, et il me semblait assez injuste que le CPC soit souvent "oublié".
Aussi il n'est pas étonnant que j'ai eu rapidement, comme d'autres ensuite, l'envie d'aller y piocher quelques musiques...
J'ai souvent montré des démos ATARI au reste du groupe pour les inspirer. Il faut bien dire qu'à la fin des années 80, la mode était aux scrollings.
Je savais que l'ATARI ST ne pouvait compter que sur son 68000 et sur une bonne organisation de la mémoire vidéo, mais que la machine pêchait totalement sur ses fonctions de formatage d'écran. C'est pour cette raison qu'on a pu y voir une quantité phénoménale de scrollings "déformés" à toutes les sauces.
Le CPC, malgré sa puissance de processeur bien inférieure, pouvait contourner les contraintes hardware de l'ATARI pour ce qui concerne le fullscreen ou la rupture. Il pouvait au passage écorner le C64 concernant la finesse de son mode graphique ou le fullscreen "complet" en 16 couleurs...
Cet article étant déjà bien long, je vous donne rendez vous pour un prochain épisode ou je vais évoquer une démo assez banale mais "sympathique"...
Longshot / Logon System