Historiks #01 : Memory Fail !
TL;DR
Une histoire de la demoscene Amstrad...
Ce billet introduit une série d'articles sur le livre "Memory Full" qui prétend décrire une histoire de la scène démo CPC.
Malheureusement, c'est un livre à charge qui rate son objectif pour les raisons que je vais évoquer tout au long des différents épisodes de cette série d'articles.
Nous allons voir dans ce billet quel est l'objectif affiché de l'ouvrage, quelle est sa légitimité et son objectivité au regard des sources d'information et du règlement de comptes qui y est adossé.
Une histoire de la demoscene Amstrad CPC... Vraiment ?
Dans mes prochains billets je vais faire l'analyse du contenu de "Memory Full", un livre qui relate "Une histoire de la demoscene Amstrad CPC" en 180 pages sur la période de 1984 à 1997.
Suite à un sujet lancé sur le forum du portail CpcWiki le 18 janvier 2017 ou il était question de faire l'inventaire de techniques utilisées dans les démos CPC et d'en relater les premiers "usages", l'idée d'écrire un livre sur la demoscene CPC a peut-être germé dans l'esprit de David 'Hicks' Thomasette.
A cette époque, ce dernier avait déjà des "différends" sérieux avec quelques personnes de cette scène démo.
Je fais partie de ces personnes.
Ayant contribué d'assez près, tout comme Overflow et plusieurs autres, à l'émergence et la création de cette scène à la fin des années 80, je suis cité de très nombreuses fois. N'ayant pas été consulté du tout, on peut se poser la question sur l'objectivité d'un tel livre.
L'auteur "prévient" le lecteur dans son introduction qu'il est impartial et objectif et indique se prévaloir des "témoignages" de plusieurs personnes, de sa propre expérience sur la création de démos et sur ses recherches.
Tout comme l'auteur, les deux tiers des personnes citées dans l'introduction n'ont pas connu la période de 1984 à 1993, et l'autre tiers a donné de petites interviews et ne connaissait pas, ou très peu la scène française des origines. On peut donc également se poser la question de la légitimité de l'ouvrage.
Une oeuvre romanesque...
Sans que personne de fortement impliqué n'ait pu recontextualiser ou corriger les nombreuses erreurs, il n'est pas étonnant que cette histoire de la demoscene soit souvent théâtralisée et romancée. Le contexte est d'ailleurs souvent mis de côté pour servir un fil narratif assez particulier.
Mais le plus dommageable pour le contenu du livre, c'est que l'auteur a cru bon de porter des jugements de valeur sur ses aînés, à partir de sa vision personnelle des années 80. Une grosse partie de ces jugements est par ailleurs "basée" sur des ragots, des "on dit" et des "légendes urbaines" inventées.
Ces jugements sont souvent servis par différentes techniques de manipulation comme de fausses accusations, de la désinformation, de la malinformation, du cherry picking, de la diffamation, et pas mal de passif-agressif, comme je vais le démontrer dans mes prochains billets.
L'auteur évoque un bilan équilibré sur la représentation des autres pays d'Europe alors qu'une grande majorité des récits est focalisée sur une vision relative à la scène française. Le livre est d'ailleurs rédigé en Français et reste donc inaccessible pour les non francophones. Il était sans doute moins facile d'exprimer en anglais une rhétorique porteuse de (très) nombreux sous entendus.
Que vous ayez acheté ou non cet ouvrage, vous découvrirez dans mes prochains billets une conception assez différente de l'histoire de la scène démo CPC, notamment sans l'approche calculée qui en a été faite.
Je vais donc m'efforcer d'aborder plusieurs sujets qui auraient du être développés et parleront aux personnes qui ont réellement vécu cette période. J'espère que cela pourra inciter les plus jeunes à consulter par eux-mêmes les documents de la période abordée. Il est dommage que l'auteur n'ait pas jugé bon de fournir une bibliographie plus étayée pour aider le lecteur à se replonger dans cette époque. Je ne verserai pas dans les potins et ragots, sauf pour infirmer ceux qui jalonnent très régulièrement ce roman.
Je ne vais m'exprimer que sur les évènements que j'ai vécu et que je peux démontrer assez aisément. Je ne vais pas m'étendre sur des périodes que j'ai moins bien connu (après 1994) mais qui ne sont pas en reste niveau ragots et potins, rendant l'ouvrage absolument indigeste.
Objectivité et légitimité
En chiffres, ce livre cite le groupe "Logon" plus de 90 fois, mon pseudo "Longshot" 200 fois, et celui de "Overflow" 133 fois,...
Je crois bon ici de rappeler que le livre fait 180 pages!
Aucune des 12 personnes ayant appartenu au groupe Logon System, pourtant emblématique de l'histoire de la demoscene CPC, n'a été contactée pour répondre à la moindre question.
Il en est de même pour plusieurs personnes passionnées qui ont bien connu cette période: Robby ou Septh, du magazine Amstrad 100%, ou encore HighTower ou Zebigboss qui ont participé aux réalisations du groupe. Ce dernier est d'ailleurs "utilisé à son insu" pour cautionner un ragot mensonger et calomnieux.
La moindre des corrections aurait été de proposer la relecture du document avant sa publication par des personnes citées aussi souvent dans l'ouvrage.
Outre le fait que le récit n'a rien d'objectif, cette mise à l'écart est préméditée.
Pour justifier cette mise à l'écart, l'auteur écrit dans son introduction :
L'auteur considère que le seul contenu d'anciens échanges, d'interviews ou du contenu de certains textes de démos suffisent à élaborer la trame complète d'un récit honnête et pertinent.
Les acteurs de l'époque
Plusieurs anciens acteurs de l'époque que j'ai contacté sont interloqués aujourd'hui en lisant certains passages les concernant. L'auteur a juste comblé de nombreux trous et lacunes avec de pures inventions ou extrapolations non vérifiées.
Si les personnes citées le plus souvent avaient à minima pu relire l'ouvrage et en particulier ce qui les concernait, elles auraient certainement pu rectifier certaines erreurs et apporter des informations pertinentes, ce qui aurait contribué à nettement en améliorer le contenu.
En piochant très sélectivement des propos extraits de "scrollings texte" ou de fanzines d'adolescents, l'auteur expose avec cynisme quelques erreurs de jeunesse sans le consentement des personnes concernées, et utilise de surcroît ces propos pour régler ses comptes.
Sans un document en anglais, cette relecture pour les non francophones de la scène démo est également impossible. Si il est aussi facile pour moi aujourd'hui de signaler autant d'erreurs, c'est bien qu'une relecture par les acteurs majeurs de la scène était indispensable.
Entre 1989 et 1993, j'ai été au carrefour des scènes démo (française, allemande, danoise, ect...). J'ai échangé des centaines de courriers avec la plupart des "acteurs" de cette scène et participé activement à la construction de son maillage.
L'auteur, qui a bâti une partie de son arc narratif sur les successions et héritages techniques n'a pu se baser que sur les maigres correspondances dont il a eu connaissance.
Bien qu'il ne sache pas vraiment mon degré d'implication dans le développement de la scène démo, il m'a pourtant prêté des intentions totalement éloignées de la réalité en usant de méthodes douteuses afin de me dénigrer.
Il est bien triste que cet ouvrage serve à l'auteur pour régler des comptes personnels. On verra que ce dernier se considère comme un justicier redresseur de torts en fantasmant des "préjudices" subis.
Le choix des "sources"
Pour alimenter son récit, l'auteur s'est lancé dans une série d'interviews de quelques anciens acteurs de la scène entre mars 2017 et novembre 2018.
Une petite dizaine de questions sera posée à chacun de ces anciens acteurs de la demoscene : Gozeur, Syntax Error, Chany, Two Mag, Antoine, NWC et Steph (Nephilim).
Si plusieurs questions sont intéressantes, d'autres sont en revanche clairement orientées. Elles ont pour objet d'exhumer d'anciennes histoires en restant à la surface, ce qui dénote d'un certain goût pour le ragot.
Dans mes prochains billets, je relèverai différents sophismes habilement utilisés, notamment lorsque les prémisses sont mal construites et amènent à des conclusions erronées, ou encore lorsque les arguments semblent convaincants grâce à des artifices rhétoriques utilisés pour tromper les lecteurs.
Du différend au harcèlement !
Le différend...
Hicks s'est fâché avec moi en mai 2010. Ce qu'il a appelé publiquement un "différend" était à la base un échange de mails privés qui n'avait rien de grave.
Ce dernier a pris la mouche car je n'étais pas d'accord avec sa manière de qualifier les autres personnes sur la scène. Il les jugeait selon leur productivité ou leur mérite, tout en se prévalant d'une forme d'élitisme suranné.
J'avais osé lui écrire que ses deux dernières productions étaient très bien réalisées, avaient demandé du travail, mais n'avaient rien d'original.
Tout ceci était une broutille et aurait pu en rester là sans que cela porte à quelconque conséquence ou même que nous soyons fâchés en nous croisant lors d'un meeting.
Un harcèlement prononcé...
Mais au lieu de me répondre en privé, quelle ne fut pas ma surprise de voir que j'étais à mon tour devenu une cible régulière et privilégiée d'un harcèlement assez prononcé au niveau de la scène CPC. Avec le temps, ce sont certains de mes amis qui ont commencé à être visés par cet "humour" dès lors qu'ils ont osé dénoncer ces pratiques ou même se montrer en public avec moi.
Cet "humour" s'est exprimé sous différentes formes. Cela a eu lieu sur l'ex-portail "Push'n'Pop" que l'auteur administrait avec son frère Toms jusqu'à fin 2015 environ, avant d'en exfiltrer le contenu le moins sulfureux vers "Memory Full" (leur nouveau portail, éponyme du livre). Cet "humour" a également été pratiqué dans leurs productions CPC, sur les réseaux sociaux de passionnés du CPC.
Je ne vais pas rentrer dans le détail des premières agressions qui ont eu lieu entre mars 2011 et juin 2012 car cela relève du domaine privé (et du pénal si je revois passer les objets du délit). Mais c'était suffisamment choquant et blessant pour que je n'ai plus envie d'avoir affaire à ces personnes. Ces derniers, pourtant parfaitement informés de ma réaction, auraient pu s'en expliquer et simplement s'excuser. Au lieu de ça, ils vont récidiver dans mon dos.
Ils avaient pourtant mes coordonnées. En effet, je les avais jusqu'alors considérés comme des amis. C'est sans doute difficile à croire mais j'ai par exemple hébergé Hicks chez moi en 2008, et je suis même allé rendre visite à Beb chez ses parents en décembre 2005 ! Ainsi va la vie ! Si on choisit rarement sa famille, on peut en revanche choisir ses amis.
Un harcèlement étrangement justifié...
L'auteur invoque le "manque d'humour de ses victimes" qui prennent "la mouche" pour un petit peu "d'ironie" et raconte à qui veut l'entendre que ça ne dérangeait personne "avant", en évoquant de soi-disantes "traditions" du demomaking. Et même si des personnes ne souscrivent pas à cet "humour", même lorsqu'il s'agit de caricatures humiliantes, et bien tant pis !
Sur les réseaux sociaux, ils vont abuser de gimmicks pour justifier certains propos "limites". L'abus caractéristique de plusieurs smileys d'absolution à la fin de chaque phrase est ainsi très pratique pour pouvoir "ironiser" impunément.
Le nom de leur groupe "Vanity" a même été pensé pour gérer en roue libre cette "liberté de ton". A première vue, on pourrait penser à du second degré... Mais il n'en est sans doute rien lorsqu'on voit le sérieux avec lequel sont considérés les "world record" dont ils se vantent régulièrement, ou comment sont traitées les moindres critiques à leur égard.
Du harcèlement aussi dans les démos : 30 YMD!
Ils vont ainsi réaliser plusieurs productions dont certaines avec quelques relents scatologiques lorsqu'il est question du groupe "Logon System", pour situer le niveau de puérilité.
En 2013, leur démo "Still Rising" sera accompagnée sur le même disque d'une démo "Pulpo" où on peut lire : "BIG FUCK to Colon System! Speak and spell, our arsch contemplates you. Blah!" / "Colon System suxx!". Tout un programme !
En 2016, dans la démo "30YMD" célébrant l'anniversaire des 30 ans du CPC, ils vont se faire passer pour moi avec l'idée de me ridiculiser et me dévaloriser publiquement. Ci-après les propos qu'ils me "prêtent" :
Je suis ici décrit comme une personne prétentieuse. J'ai peu de "mérite" car j'aurais été avantagé en 1988 vis-à-vis de "mes concurrents" grâce à des "documents techniques" disponibles chez Ubi Soft.
Selon le texte, je n'ai également pas écrit moi-même le programme jouant les premières musiques ST de mes démos et pour finir, je suis décrit comme dépassé car mon niveau technique est resté coincé à celui que j'avais en 1989.
En somme, un "mérite" usurpé et sans doute encore trop injustement reconnu des années plus tard...
Sans trop de surprise, je vais retrouver certains de ces jugements de valeur distillés dans l'ouvrage. Encore et toujours, il est question de mérite, de compétition et d'égo. 🤪
L'observateur attentif dans cette démo distinguera quelques messages dessinés par Beb : "Colon System 1989/1991 - Rest in peace", "Logon -tic tac toe- it's time to die".
Je crois utile à ce stade de préciser que Beb et Hicks ont dépassé la quarantaine !
La première image caricaturale de cette démo est une référence torturée à l’œuvre réalisée par Michel-Ange dans la chapelle Sixtine. Ainsi, en 2016, les ex-Dieux du CPC (à droite, représentés par Madram et Shap) transmettent leur étincelle divine à Longshot, la "légende morte" :
Et si vous pensiez que cette interprétation relève de la psychiatrie, il est intéressant de lire ce que Beb raconte sur son propre dessin dans un ouvrage sur le Pixel Art :
De "tic tac toe - it's time to die" à "dead legend" , la messe est dite... R.I.P.! 🪦
Révision 2018
Deux ans plus tard, le 1er avril 2018, je me suis rendu au Symposium "Révision 2018" qui a eu lieu à Saarbruck (Allemagne) et qui regroupait environ 700 personnes passionnées par le monde de la démo sur de nombreuses plateformes.
J'y ai notamment retrouvé Overflow, dont la production "Logon's run" était nominées aux "Météoriks":
Hicks et Beb se trouvaient également sur place. Beb va penser que venir me serrer la main au milieu du vacarme et de la cohue comme si de rien n'était suffisait à expédier et remplacer de vraies excuses pour un harcèlement qui durait depuis 8 ans.
Peu de témoins de "l'affront". Cependant, au lieu d'en prendre acte et de s'excuser, ce dernier va rapidement me montrer ce qui arrive à ceux qui refusent de rentrer dans le rang et accepter passivement le harcèlement.
Trois mois après, en juillet 2018, leur production OSC #0 va me caricaturer de nouveau nu avec une disquette sur le sexe, refusant de serrer la main aux nouveaux dieux du CPC (Beb et Hicks s'étant représentés à droite). Je ne bénéficiais donc plus de l'étincelle divine, tout en étant qualifié de "Gossip Longshot". Comprenne qui pourra !
Hicks, de son côté, poussera "l'ironie" en exposant l'image de cette démo sur un réseau Discord CPC afin de "démontrer" que j'ai refusé une "réconciliation".
Le sentiment d'impunité en l'absence de réaction d'autres "acteurs" de la scène, qui ont préféré ignorer ces gamineries, a pu contribuer à l'aggravation du problème car cela représentait malheureusement une forme de cautionnement de ce harcèlement.
Calomnie annoncée !
En septembre 2018, l'auteur a manifesté publiquement, sur le forum CpcWiki, son intention de me nuire dans le livre qu'il allait rédiger.
Il m'accusait publiquement d'avoir cherché à tromper les gens sur les dates de sortie de mes productions écrites 30 ans auparavant et m'accusait également d'avoir cherché à "modifier l'Histoire" (sic) en abusant de ma capacité à pouvoir davantage m'exprimer. 😲
J'avais exposé clairement le côté saugrenu de ces accusations, mais au lieu d'en prendre acte, l'auteur et son admirateur Toms vont gloser en coeur sur le forum de CpcWiki. Je reviendrai sur ce point lorsque j'aborderai ces accusations.
L'auteur, en pleine préparation de son roman, a "ironisé" en janvier 2021 sur un réseau de passionnés du CPC sur l'idée que je puisse rédiger une préface pour son livre. En mai 2021 il va s'attrister qu'il soit tabou de dire du mal de moi 😲:
Lorsque je vais avoir connaissance du contenu de quelques pages du livre postées sur Facebook par Titan fin octobre 2023 (pages 34/35 et pages 92/93), je vais sans trop de surprise découvrir que l'auteur m'attribue de piètres qualités morales et me calomnie sans aucune preuve.
Je vais l'exprimer clairement, ce qui amènera une réponse déjà toute faite, rapidement noyée par un troll en orbite :
Si on reformule, et sous couvert d'hommage, l'auteur m'accuse d'être malhonnête, menteur, prétentieux et d'avoir fait mon temps. Décidément... 🙄
L'auteur a utilisé son ouvrage pour régler des comptes personnels. Le travail historique est émaillé de nombreuses erreurs, de jugements et de fantasmes divers me concernant qui auraient été évités si il avait su faire abstraction de ses "conflits personnels" comme il le raconte, et avait eu l'honnêteté de m'adresser le contenu de son roman.
L'auteur fait semblant de ne pas comprendre que je n'ai pas la même conception de la scène démo et de la méritocratie que lui mais cherche cependant à me caractériser ainsi dans toute sa narration. C'est une conception élitiste que j'ai toujours combattue.
Si je les ai laissé me dénigrer pendant 13 ans, c'est que je faisais fi de ces mesquineries jusqu'à ce que des amis commencent à être ciblés, que mon travail soit nié, ou que dans cette continuité, un livre, sous couvert de quelques flagorneries, me calomnie publiquement en me prêtant une personnalité assez détestable.
Je n'ai jamais cherché à être une "référence incontestée", ni dans le passé, ni aujourd'hui, ni jamais !
Etant donné le nombre de mensonges et petites attaques mesquines que l'auteur peut produire dans un simple article de 3 pages, on peut imaginer ce qu'il a été capable de faire dans un ouvrage de 180 pages.
Aussi, et exerçant un juste droit de réponse sur cet ouvrage à charge, je pense que vous allez avoir droit à quelques épisodes complémentaires de ma part dans les prochaines semaines...
Longshot / Logon System